La phobie de l’avion a quelque chose de tabou. Et pourtant, parmi les 600000 personnes qui sont à chaque seconde dans les airs, beaucoup d’entre elles ne sont pas à l’aise, voire ont peur et craignent de faire une crise de panique. J’ai été invitée à assister à une session du stage « Prêt à décoller » qui permet en 3 étapes de comprendre et vaincre sa phobie. Retour sur cette journée !
Les stages du Centre de Traitement de la Peur de l’Avion se déroulent dans les locaux de l’un des simulateurs d’Ile-de-France. J’ai pour ma part assisté à un stage se déroulant sur l‘aérodrome de Pontoise-Cormeilles où se trouve le simulateur de Boeing 737 sur vérins de Flight Sensations. La journée de stage se compose de trois ateliers : un premier avec une psychologue spécialisée dans le traitement des phobies et des angoisses, un second technique avec un spécialiste de l’aérien et un troisième consacré à la mise en situation en simulateur avec un pilote.

1er atelier : Comprendre sa peur et les mécanismes psychologiques
Avant cette journée de stage, sachez tout d’abord que chaque participant a fait un entretien téléphonique avec l’un des encadrants du stage. L’objectif du côté des formateurs est simple : écouter et comprendre pour savoir si le stage est la réponse appropriée à la peur. Le jour J, après un petit déjeuner d’accueil pour permettre aux 6 participants au stage de faire connaissance, place au premier atelier avec la psychologue Velina Negovanska. Elle nous apprend notamment que si la phobie de l’avion peut avoir diverses origines, un facteur génétique a son rôle à jouer. Il s’agit de l’amygdale cérébrale, qui sécrète l’hormone du stress. Certains ayant une amygdale plus développée que d’autres sont ainsi davantage sujets au stress ! Les plus sensibles sont alors davantage contrôlés par leur « cerveau des émotions » plutôt que par leur « cerveau rationnel ». Mais aucune crainte, des exercices précis et bien expliqués par la psychologue permettent de se détendre et de reprendre le contrôle, allant jusqu’à réduire progressivement la taille de l’amygdale cérébrale.
Il est aussi intéressant de savoir pourquoi dans l’avion quelqu’un de stressé a tendance à agripper plutôt fermement ses accoudoirs. En situation de stress, le cerveau focalise en fait toute l’énergie dans le haut du corps pour permettre à la personne de se défendre. Les battements du coeur s’accélèrent alors pour que l’afflux du sang se concentre sur les membres supérieurs. Cependant, en accélérant, le rythme cardiaque envoie au cerveau un signal de danger, accentuant la tachycardie. Ce mécanisme arrivant en avion dans une situation d’immobilité, elle est difficile à gérer et conduit au phénomène d’agrippement des accoudoirs. Mais là encore, des solutions existent pour reprendre le contrôle. La psychologue donne ainsi des clés pour refaire fonctionner le cerveau rationnel, notamment via des exercices de cohérence cardiaque et des exercices à faire une fois à bord de l’avion. Toujours à travers des exercices concrets de respiration et à l’aide d’un logiciel, on constate comment se réduit la fréquence cardiaque en respirant correctement.
Parmi toutes les autres choses intéressantes qu’on apprend, on découvre que si la peur de l’avion est aussi liée à de fausses croyances, c’est à cause des médias. Un accident d’avion génère ainsi 150 à 200 fois plus de bruit médiatique qu’un accident de voiture à nombre de morts égal, impressionnant !
A la fin de la matinée, je pense que les participants au stage ont déjà fait un grand pas dans la compréhension de ce qui se passe physiquement quand survient la peur et des raisons qui peuvent pousser l’avion à être anxiogène. Avoir des clés et découvrir que des moyens concrets existent pour s’apaiser est déjà rassurant. Le déjeuner partagé tous ensemble est alors l’occasion de discuter, de partager ses expériences et de faire un pas de plus vers l’association de l’avion à un moment agréable.

2e atelier : découvrir l’aéronautique côté technique
Place maintenant à la seconde moitié de la journée. Pour vaincre sa phobie, il est nécessaire d’aborder quelques points techniques du secteur aéronautique, chiffres concrets à l’appui. Cela permet notamment de balayer les fausses idées du type « l’avion va se briser pendant une turbulence ». Xavier Tytelman, responsable de la formation et expert du secteur aéronautique, parcourt des statistiques sur la sécurité aérienne, les principes généraux qui expliquent comment vole un avion, les différentes phases de préparation de l’équipage avant le décollage. Puis vient le point sensible des turbulences qui perturbent beaucoup de passagers. De manière concrète avec des vidéos et une maquette à l’appui, Xavier aborde les différentes thématiques de manière très pédagogue. Tout le monde comprend et pose ainsi ses questions pour que plus aucune interrogation anxiogène ne reste sans réponse. Après l’évocation des orages, des instruments de bord et des différents types d’atterrissage, place aux questions relatives à la maintenance des avions et à la présentation des principaux avions de lignes sur le marché. A l’issue de cette présentation, un nouveau pas est alors franchi. Les stagiaires ont compris ce qui permet à un avion de voler, ont identifié à quoi correspondent des bruits qu’on peut identifier comme suspects, etc. L’avion devient plus rationnel et fait ainsi moins peur.
3e atelier : la mise en situation en simulateur

Après la théorie, rien de mieux que la mise en situation en simulateur ! Cela permet dès lors de commencer à appliquer les exercices appris plus tôt et surtout de découvrir ce lieu exceptionnel qu’est le cockpit. Sur l’aérodrome de Pontoise se trouve le simulateur Flight Sensations. Il s’agit de la réplique exacte d’un B737 (même la petite imprimante de bord fonctionne !). Grande différence avec les autres simulateurs qui existent, celui-ci est monté sur une plateforme mobile qui permet de reproduire très fidèlement les sensations d’un vol. Le simulateur fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article ! Par groupe de 3, les participants au stage passent 1h dans le simulateur, l’occasion de reproduire des conditions de turbulences ou d’orage. Accompagnés de Dominique, très sympathique pilote responsable du simulateur, ils peuvent se familiariser avec les nombreux écrans et boutons et comprendre ce qui se passe lors d’un décollage et d’un atterrissage en prenant les commandes. Les impressions à la sortie du simulateur sont unanimes : le passage dans le cockpit désacralise l’avion et laisse de bons souvenirs !
La fin de la journée est l’heure du bilan. Tous les participants ont l’air plus sereins et souriants que le matin et ne demandent qu’à tester les méthodes apprises en situation réelle lors de leur prochain vol. Et l’accompagnement du Centre de Traitement de la Peur en Avion ne s’arrête pas là. Chacun pourra s’il le souhaite faire un nouvel entretien téléphonique avec la psychologue et sera contacté la veille de son prochain vol pour connaître la météo. Avant de quitter l’aérodrome de Pontoise, dernier clin d’oeil, les participants peuvent parcourir des cartes postales envoyées par d’anciens stagiaires, ravis d’écrire depuis leur lieu de vacances après un vol qui s’est bien passé !
Les stages sont disponibles à Paris, Marseille, Montpellier et en Belgique. La journée de stage coûte 430€ qui peuvent être remboursés par certaines mutuelles ou encore pris en charge dans le cadre du compte personnel de formation professionnelle. L’accompagnement en vol ou encore les programmes d’incentives pour les entreprises sont possibles. Lien vers le site du Centre de Traitement de la Peur de l’avion pour plus de renseignements : http://www.peuravion.fr/